En dehors des vols spatiaux, une course de 40 000 km en solitaire et sans escale autour du monde représente l’un des défis humano-mécaniques les plus difficiles à relever.
Inévitablement, cela s’accompagne d’un taux d’attrition élevé. Au cours des huit dernières éditions du Vendée Globe, seuls 53 % des participants ont terminé le parcours.
Les 47 % restants ont été contraints de prendre leur retraite en raison d’une défaillance de l’équipement ou d’une blessure personnelle, mais souvent à la suite d’une collision qui a causé des dommages irréparables.
La prévention des collisions par l’IA fait son entrée dans le Vendée Globe
Heureusement, pour le Vendée Globe de cette année, qui partira des Sables d’Olonne, en France, le 8 novembre, le risque de collision sera considérablement réduit. De nombreux IMOCA en compétition ont été équipés d’une nouvelle aide électronique à la sécurité appelée OSCAR.
Grâce à des caméras diurnes et thermiques combinées à l’intelligence artificielle, le skipper solitaire dispose d’une deuxième paire d’yeux pendant la journée et, surtout, pendant la nuit.
L’objectif d’OSCAR est de prévenir les collisions avec les nombreuses menaces potentielles qu’un navire est susceptible de rencontrer en mer, qu’il s’agisse d’autres navires, d’objets flottants non identifiés tels que des rondins, des bouées ou des conteneurs, ou encore de mammifères marins endormis, autant d’éléments qui peuvent mettre un skipper hors course… ou pire.
En pratique, OSCAR alerte instantanément le skipper de tout danger potentiel et indique la position de cette menace sur une carte dédiée. Le skipper peut visualiser et enregistrer les images transmises par les caméras
18 équipes du Vendée Globe font confiance à la technologie OSCAR
OSCAR a été conçu il y a plus de cinq ans par Raphaël Biancale, ingénieur automobile franco-allemand, et a depuis été développé par son équipe au sein du groupe BSB, en utilisant des systèmes intelligents d’auto-apprentissage similaires à ceux créés à l’origine pour l’industrie automobile.
Avec l’ancien directeur général de l’IMOCA Gaëtan Gouerou, l’un des créateurs du chantier naval CDK, et un chef de projet d’écurie de course professionnelle de plus de 30 ans d’expérience, Raphaël Biancale a créé BSB Marine en mai 2018.
Depuis, les meilleurs skippers français de course au large et leurs équipes ont rapidement adopté OSCAR et sa technologie révolutionnaire – parmi eux, les anciens vainqueurs du Vendée Globe Vincent Riou, François Gabart et Armel Le Cléac’h, qui ont participé à l’élaboration du cahier des charges du système.
Le Vendée Globe de cet hiver sera le test le plus sévère d’OSCAR à ce jour. 18 des 33 IMOCA qui participeront au tour de la planète en solitaire cet hiver ont été équipés du dernier système OSCAR.
Il s’agit d’un boîtier compact et léger monté en tête de mât, contenant des caméras diurnes et nocturnes orientées vers l’avant, reliées au processeur d’OSCAR situé en dessous, qui se connecte à son tour à n’importe quel type d’écran.
L’apprentissage automatique au service de la sécurité maritime
Les navires d’autrefois avaient un homme « en haut du nid-de-pie », capable de surveiller l’horizon élargi depuis le sommet du mât – c’est de là que vient le cri « LAND AHOY » (« terre en vue » en français) dans les films de pirates.
OSCAR remplit une fonction similaire, mais il le fait électroniquement, jour et nuit, en continu. L’innovation d’OSCAR consiste à utiliser l’intelligence artificielle, et plus précisément la vision artificielle, la technologie qui permet à une machine d’analyser, de traiter et de comprendre les images.
Comme un être humain, plus OSCAR apprend et plus il acquiert de l’expérience, plus il est performant. Le Vendée Globe sera l’occasion de perfectionner OSCAR.
Construire l’avenir de la sécurité en mer
OSCAR apporte sa contribution au développement de la sécurité en mer. Il ne s’agit pas du système anti-collision parfait ou ultime, mais il s’agit d’une technologie pionnière qui apportera une contribution importante.
Il s’améliorera également au fil des kilomètres parcourus, car, comme un être humain, plus OSCAR apprend et plus il acquiert d’expérience, plus il est performant.
Les 18 IMOCA qu’il équipe dans ce Vendée Globe seront autant d’occasions d’apprendre à affiner la base de données, au cœur de l’apprentissage d’OSCAR.
La prochaine étape
La vision artificielle, déjà utilisée dans les voitures, jouera à l’avenir un rôle central dans le développement des systèmes d’aide à la navigation maritime tels que les pilotes automatiques.
Dans la classe IMOCA, de nombreux navigateurs solitaires attendent avec impatience les développements d’OSCAR, notamment une interface avec le pilote automatique de leur bateau afin qu’il les éloigne automatiquement des collisions potentielles.